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solu d’estre habile homme, et aussi que j’avois bon commencement. Laissant là mon compagnon, je prends la balle et la mets sur mon tendre dos, qui peu à peu s’adurcissoit à ce beau mestier, et allay avec d’autres à la foire de la Chastaigneraye, près Fontenay, où je fus accosté de tous les pechons14, blesches et coesmelotiers hurez, pour sçavoir si j’entervois le gourd et toutime, me demandans le mot et les façons de la ceremonie. Ce fut à moy à entrer en carrière et payer le soupper après la foire passée, car ils congneurent que je n’entervois que de beaux, c’est-à-dire que je n’entendois le langage ny les ceremonies. Lors je paye le festin à mes superieurs, et sur la fin du soupper le plus ancien feist une harangue.

La harangue qui fut faicte au nouveau blesche15.

Coesmes, blesches, coesmelotiers et pechons, le pechon qui ambieonosis qui sesis ont fouqué la


grande quantité de pauvres gueux, desquels ils s’accostèrent, et leur apprirent leur langage et ceremonies. Les gueux, reciproquement, leur enseignèrent charitablement à mendier. Voilà d’où sont sortis tant de braves et fameux argotiers. »

14. « Pechon, c’est quand on a la première balle et du premier voyage ; et après blesche, mercelot et puis coesme ; c’est mercier, et puis le coesmelotier huré, c’est bon marchand, qui porte à col seulement. » (Note de l’auteur.)

15. Sur ces cérémonies de réception dans les compagnies de voleurs, V. t. 5, p. 349, et t. 6, p. 65. — Cartouche faisoit aussi subir un interrogatoire et des épreuves à tous ceux qui vouloient entrer dans sa bande. Le Grand a tiré