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tournois, et que j’avois part à la concurrence de mes deniers, et qu’eussions7 affuré les ripaux, rippes et milles, et pechons, qui attrimoyent nostre coesmeloterie pour de l’aubert huré. Quand nous eusmes esté trois ou quatre mois à la compagnie j’avois de butin deux rusquins, et demie menée de rons, deux herpes, un froc et un pied8.

Les façons de coucher.

Nostre vie estoit plaisante, car quand il faisoit froid, nous peausions9 dans l’abbaye ruffante, c’est dans le four chauld10, où l’on a tiré le pain naguères,


7. « C’est-à-dire que eussions trompé les gentilshommes, damoiselles et garçons, femmes de village et paysans, leur donnant nostre marchandise. » (Note de l’auteur.)

8. « Rusquins sont escus, ouendes sont livres, rons sont douzains, herpes liards, pieds deniers, froc ung double. » (Note de l’auteur.)

9. Nous couchions, nous dormions. Aujourd’hui les gens du peuple disent pioncer pour dormir.

10. C’étoit assez volontiers l’usage des gueux de coucher ainsi dans les fours. On lit dans la Farce d’un ramonneur de cheminées, etc. (Anc. Théâtre, édit. elzev., t. II, p. 202) :

Je prins ce paillart totilleur
À Paris, chez un rotisseur,
Et n’avoit pas vaillant deux blans
Et couchoit, dont il est si blans,
Au four à quoy la paille on ard.

Il y a trente ans, une pauvre femme du quartier Saint-Victor, à Orléans, couchoit encore ainsi dans un grand four les pauvres diables qui prenoient gîte chez elle. Ne seroit-ce pas de cet usage que seroit venu le nom de four donné