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mis plus bas que de coustume, je te donne ce mien œuvre, afin que tu y puisse trouver quelque cautelle2 pour recouvrer argent. Et comprens bien ces trois estats, et comment ils sont très lucratifs et plains de finesses et cautelles ; et, si se trouvoit quelqu’un qui, par mespris, voudroit blasmer les discours de ce livre, je luy responds que je ne les ay pas faicts par envye contre aucun de ceste sorte de gens, ains pour laisser couller le temps et pour mon plaisir. À Dieu.

Comme l’autheur se meist au metier.

Ayant l’aage de neuf à dix ans, craignant que mon père me donnast le fouët pour quelque faute commise, comme advient à gens de cest aage, je prins résolution d’aller trouver un petit mercier qui venoit souvent à la maison de mon père, et desirant faire quelque beau voyage, je résolu m’en aller avec luy. Il n’estoit coesme3, n’ayant parvenu à ce degré, ains es-


2. Ruse, fourberie. On connoît les cautèles de Cepola, que Rabelais appelle diabolicques (liv. II, ch. 10), et qui sont pour les gens de justice ce que sont pour les voleurs celles qui se trouvent ici, car elles enseignent à éluder les lois et à perpétuer les procès. L’édition la plus rare fut donnée à Paris, en 1508, chez Jean Petit, in-8 gothique.

3. C’est-à-dire n’étoit pas encore reçu bon mercier, bon coesmelotier, nom qu’on donnoit, dans l’argot de ce temps-là, aux merciers et colporteurs dûment affiliés à la confrérie des voleurs de grands chemins. Le mot contreporteur