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Depuis que l’ordre à ce luxe est prescrite ;
Ces beaux collets, ces manches, ces rabas,
Où un Tartare eust trouvé des appas ;
Tous ces pourtraicts et ces vaines figures
Qui vous gagnoient beaucoup de creatures,
Comme trompeurs, et du tout superflus,

Dames, enfin, ne nous paroissent plus.

Si ces atours avoient une parole
Qu’ils vous diroient en un langage drolle :
Cessez, beaux yeux, en vos pleurs vous noyer !
C’est à nous seuls qu’il convient larmoyer
De n’estre plus maintenant en usage,
D’avoir quitté l’air de vostre visage,
De ne voir plus l’or de vos blonds cheveux,
Cordages saincts, l’object de tant de vœux ;
De ne toucher à vostre belle gorge,
Dont l’amour faict les soufflets de sa forge,
Et non à vous, qui estes l’ornement
Du plus superbe et riche accoustrement,
Car sans habits, passements et dentelles,
Vous ne laissez de paroistre assez belles.

Mais, dites-moy, ce mal que vous plaignez,
Et pour lequel vos yeux sont tous baignez,
Vous l’eussiez bien inventé par la mode
Qu’auriez jugé peut-estre plus commode,
Mode feconde en mille inventions !
Le seul effroy de tant de nations,
Monstre, prodige, estrange et bien difforme,
Demain pompeuse, aujourd’huy en reforme.
Voulez-vous point que vos desseins maudits
Soient observez plustost que les edicts ?