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ni le sujet qui l’y a obligé. Freville est avec luy, et, ce qui est le plus déplorable, c’est que nostre cher amy le pauvre M. de Thou17 a été emmené prisonnier avec quatre ou cinq domestiques de mondit sieur Le Grand. Le chancelier a dit tout haut qu’il justifieroit que c’est des brouilleries d’Estat, et non pas une querelle particulière, et M. le Prince a eu ordre de passer en dedans du royaume.

V.

Jeudi au soir.

Je m’assure que vous n’aurés appris que confusément ce qui s’est passé le 14 de ce mois à Narbonne ; et quoy qu’une histoire qui provoque des soupirs mérite plus tost d’estre passée sous silence que déduite avec toutes ses circonstances, n’est-ce que je m’imagine que le plus agréable aliment que vous puissiés donner à vostre déplaisir est un récit particulier de cette discussion. Je vous rendray donc compte de ce peu qui est venu en ma cognoissance, qui est que le roy tint conseil secret le 12, qui estoit le jeudy, entre MM. de Chavigny18 et de Noyers,


caché, comme on le verra, mais tout le monde le croyoit en fuite. (Mémoires de Monglat, coll. Petitot, 2e série, t. 49, p. 385.)

17. Sur la part de de Thou dans le complot, V. notre t. 7, p. 341. Entre autres choses qui l’impliquoient de la façon la plus grave dans la conspiration, on apprit qu’il avoit ménagé une entrevue entre Cinq-Mars et M. de Bouillon. (Mémoires d’Arnault d’Andilly, coll. Petitot, 2e série, t. 34, p. 67.)

18. C’est surtout lui qui parvint à décider le roi.