Page:Variétés Tome VIII.djvu/123

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tres ont été présentées à Sa Majesté par messieurs le surintendant Bressac et Le Gras, ce qui met en doute l’opinion que chacun a que ce dernier ordre part du conseil de M. Le Gras, qui a voulu détruire le commandement qui avoit été fait à la reine d’aller à Fontainebleau, comme venant de M. le cardinal ; en même temps, le maréchal de Saint-Luc13 a eu exprès commandement de partir en diligence pour s’en aller en Guienne exercer sa charge de lieutenant du roi en cette province, et d’obéir aux ordres qu’il recevra de la cour. Il semble que ces dépêches nous donnent plus de lumières qu’auparavant aux brouilleries de la cour, et que M. Le Grand ait mis l’esprit du roi en deffiance de la conduite de Son Eminence, que l’on pense devoir se retirer à Brouage14,


Brienne, coll. Petitot, 2e série, t. 36, p. 72.) L’ordre qu’on donnoit ici étoit donc de ceux auxquels le maréchal devoit obéir avec le plus d’empressement. Mais pourquoi ce retour de bienveillance pour la reine, après la rigueur dont elle avoit été l’objet depuis longtemps ? Ne seroit-ce pas qu’elle avoit fait des révélations touchant le complot dont on lui avoit fait confidence ? Tallemant est d’avis que c’est par elle que tout fut connu, et, comme nous, il pense qu’elle dut à ces révélations le relâchement de rigueurs constaté ici : « Et pour preuve de cela, dit-il, on remarquoit qu’après avoir longtemps parlé de lui enlever ses enfants, on cessa tout à coup d’en parler. » (Edit. in-12, t. 2, p. 223.)

13. François d’Épinay Saint Luc.

14. Le cardinal, en effet, se cherchant un asile contre les dangers dont il se sentoit environné, songeoit à gagner Brouage, qui lui appartenoit, ou bien à se réfugier en Provence, près de son ami le comte d’Alais, qui y comman-