Les finesses qu’on dit les plus ingenieuses,
Ou en Plaute, ou Terence, ou en nouveaux comiques,
Les plus estranges cas des argumens tragiques,
Les transformations d’Ovide merveilleuses,
Tous les enchantemens et la sorcellerie,
Toutes illusions, toute la tromperie,
Bref tout ce qui fut onc’ des plus grands imposteurs,
Apologie pour Hérodote (édit. 1735, t. 1, p. 29), et la donne pour une excellente preuve du système qu’il soutient, à savoir qu’il n’est fable du vieil historien grec dont la vraisemblance ne puisse être prouvée par quelque fait moderne. Montaigne fait aussi mention de cette bizarre histoire, et dit même avoir assisté aux débats auxquels elle donna lieu. Toujours sceptique, il va jusqu’à douter de la justice de l’arrêt qui en amena le dénouement. Devant cette sentence, comme en toutes choses, il dit son fameux Que sais-je ? (Essais, liv. 3, ch. 11.) « Je veis en mon enfance, écrit-il, un procez que Corras, conseiller de Toulouze, feit imprimer, d’un accident estrange : de deux hommes qui se presentoient l’un pour l’aultre. Il me soubvient (et ne me soubvient aussy d’aultre chose) qu’il me sembla avoir rendu l’imposture de celui qu’il jugea coulpable, si merveilleuse et excedant de si loing nostre cognoissance et la sienne, qui estoit juge, que je trouvay beaucoup de hardiesse en l’arrest qui l’avoit condamné à estre pendu. Recevons quelque forme d’arrest qui die : « La Cour n’y entend rien », plus librement et plus ingenuement que ne feirent les Aeropagistes, lesquels, se trouvant pressez d’une cause qu’ils ne pouvoient developper, ordonnèrent que les parties en viendroient à cent ans. » Jean de Coras, dont vient de parler Montaigne, est le même qui, malgré la protection du chancelier de L’Hôpital, fut vivement poursuivi comme calviniste, et, peu de temps après la Saint-Barthélémy,