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premiers jours de sa vie dans Nostre-Dame ; ses premières années dans plusieurs autres eglises, sous un habit bleu5, avec un tronc à la main, et les suivantes dans le collége de Lizieux6, où il trouva moyen de s’elever à l’estat de cuistre7. Ce fut là qu’à force de lire les plus rares chefs-d’œuvre de nos poëtes françois, qu’il rapportoit tous les jours du marché avec le beurre et les autres drogues qu’il achetoit pour le disner de son maistre, il luy prit une si forte passion pour la poësie, qu’il resolut, ainsi qu’il disoit alors, de devouer toutes les reliques du peloton de ses jours au service des neuf pucelles du mont au double coupeau. Mais pour ce qu’à son gré, pour un poëte de cour tel qu’il vouloit estre, il ne se trouvoit pas bien dans un collége, il se resolut de changer l’université pour le fauxbourg Saint-Germain. Il y alla donc loger au haut d’un grenier, et vous ne sçavez pas la belle invention dont il usoit pour y escrire ses beaux ouvrages sans qu’il luy en coustast rien en plume, en encre ny en chandelle. Il avoit l’industrie de laisser tel-


5. « C’estoit ainsi qu’on habilloit, dit Furetière (Roman bourgeois, édit. elzev., p. 330), les pauvres orphelins et les enfans de l’hospital, témoin ceux du Saint-Esprit et de la Trinité. »

6. Ce collége, l’un des plus fameux de l’ancienne Université de Paris, se trouvoit alors, non pas rue Saint-Jean-de-Beauvais, où il fut dans les derniers temps qui précédèrent la Révolution, et où il fut remplacé par une caserne, mais rue Saint-Étienne-des-Grès.

7. C’est-à-dire valet de classe, de l’allemand küster. Dans les Cent nouvelles nouvelles, on lit coustre.