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Je crois ce qu’il me dit ; s’il fait mal, à son dam.
Mais je souffre à regret que l’on achète un ban,
Et que des ornemens qui servent à l’eglise
Soient de differens prix, comme une marchandise.
Si vous voulez les beaux à votre enterrement,
Il faut tant, vous dit-on, pour un tel parement,
Et, pour l’argenterie, un crieur vous demande
Si vous voulez avoir la petite ou la grande11 :
Le prix est différent, ils vous cousteront tant ;
Et si l’on ne fait rien si l’argent n’est comptant.
Jamais aucun credit ne se fait à l’eglise.
N’avez-vous point d’argent, la croix de bois est mise12 ;
Enfin, lorsque l’on va porter les sacremens,
Si c’est chez un pauvre homme, on va sans ornemens ;
On y va sans flambeau, sans daiz et sans clochette ;
En un mot, on diroit qu’on le porte en cachette.
Taisons-nous, toutefois ! il est fort dangereux
De parler des pasteurs, et de mal parler d’eux.



11. V. l’une des notes précédentes.

12. Mais, dit encore Marigny, dans la discussion qu’il établit entre les marguilliers de Saint-Paul et un parent révolté de la somme énorme des frais :

— Mais, s’il meurt sans laisser de bien,
Qu’avez-vous coutume de faire,
Suivant votre honnête métier
De ne faire rien pour rien ?…
— Sans prière ni luminaire
On le fait porter, comme un chien,
Dam quelque coin du cimetière ;
Et, de plus, sachez qu’en ce cas
L’exactitude est si précise,
Que même nous ne souffrons pas
Que le corps passe par l’église.