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Plus il est près du chœur et plus la somme est grosse8.
Il faut tant près des fonds, tant près du maître autel.
Entre tous les impots en voyez-vous un tel,
Et qui peut plus choquer les droits de la nature,
Que de vendre à des morts le droit de sépulture ?
Je passe volontiers certains tours de baton
Dont un rusé pasteur attrape le teston9.
Je suis fort catholique, et je n’ay pas envie
De censurer icy les censeurs de ma vie.
Je croy que ce qu’ils font a de bonnes raisons,
Et que tous leurs patrons font bien des guérisons ;
Qu’on guerit de tous maux en leur offrant un cierge,
Qu’on en guerit plutost s’il est de cire vierge ;
Que qui ne guerit pas n’a pas assez de foy,
Et je croy tout cela parceque je le croy.
Pour moy, je ne veux point penetrer ce mystere ;
Mon pasteur me l’a dit, c’est à moy de le croire10.



8. On sait qu’alors tout paroissien d’importance se faisoit enterrer dans l’église.

9. Sur cette expression, v. notre t. 5, p. 250, note.

10. Alors on prononçoit craire. C’est ce qui donne raison à la singulière rime qui se trouve ici. Toutefois, dans les vers il étoit d’usage d’employer la prononciation qui a prévalu. V. Journal de l’Académie françoise, par l’abbé de Choisy (1696), fol. 7. On ne vouloit pas sans doute que l’accident qui arriva un jour à une actrice de province pût se renouveler. Elle avoit à dire ce vers :

Le prince vit encore ! ô ciel ! puis-je le croire ?

Elle le prononça suivant la mode admise dans la conversation ; aussi son interlocuteur, pour ne pas manquer la rime à craire, riposta tout aussitôt :

Oui, princesse, il arrive, et tout couvert de glaire.