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Qu’on faict pour conserver cuire dedans les fours,
Farineux et cendreux comme ces vieilles figues
Dont tous les Provencaulx se rendent si prodigues
Sur le port de Marseille, ou cent fois plus villain,
Flestry, crasseux, ridé, que n’est un parchemin
Qui depuis trois cents ans rode les auditoires
Des sedentaires cours et des ambulatoires ;
Le menton comme un os quy sert aux cordonniers
Lorsqu’ils veulent polir et lisser les souliers,
Et, bref, ce quy le rend admirable au possible
Par dessus tous les sots, est sa barbe invisible.
Je t’ay dict, chère Echo, quels estoient ses habits :
Il porte assez souvent un bas d’estame gris,
Un manteau de vinaigre16 où je pourrois m’estendre,
Si le manteau de cour ne me faisoit entendre
Et n’avoit clairement exprimé celuy-cy,
Quy couvre notre sot et le repare aussy.
Lorsqu’il a quelques fois son chapeau sur l’oreille,
Il s’escoute marcher et se mire à merveille ;
Il retourne la teste, et de trois en trois pas,
Pour regarder ses pieds, porte les yeux en bas.
Quand il a bien marché d’un costé de la rue,



De là le sobriquet d’enfarinés qu’on leur donne partout. On voit par un passage de Montaigne (liv. 3, ch. 10), que c’étoit déjà l’usage des apprentis badins de son temps. On lit dans les Jeux de l’inconnu (1645, in-8, p. 158), au sujet de Jean Farine, qui, lui non plus, ne doit pas son nom à autre chose : « À le voir si blanchastre, il semble qu’il soit déjà enfariné. »

16. On appeloit habit de vinaigre, selon le Dictionnaire de Trévoux, tout habit trop léger porté en hiver, sans doute parcequ’il n’empêchoit pas le froid de vous piquer.