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Semblable à celuy-là de deffunt Martin Gan7,
Luy donne, ce dit-il, la façon courtisanne,
Et, bien que sans habit il soit et sot et asne,
Son pourpoinct blanc et vert, aux oreilles de foux,
Fait voir appertement ce quy est le dessoubs.
Il commence dejà de trayner à sa queue
Les asnes et les sots qu’il rencontre à sa veue ;
Il n’espargne non plus les grands que les petits.
Les brides et les trous qu’on voit à ses habits8
Sont pour les attacher, et je croy qu’il luy semble
Qu’il peut joindre les foux et les asnes ensemble
Soubs l’ombre que luy seul represente tous deux.
Mais, s’il pouvoit encore y assembler les gueux,
Les tirer de Paris, et avec asseurance
Les mener bien avant dans la nouvelle France9,



7. Je ne sais ce qu’étoient ce Martin Gan et l’espèce de pourpoint dont il semble avoir amené la mode ; mais je suppose que celui-ci auroit pu fort bien s’assortir avec les fameuses chausses à la martingale dont parle Rabelais. Le Duchat pense qu’on les appeloit ainsi parceque la forme en étoit empruntée aux mariniers de Martègue en Provence. C’est donc peut-être Martéguan, et non Martin Gan, qu’il faut lire ici. V. Rabelais, l. 1, ch. 20, et l. 2, ch. 7.

8. C’est-à-dire que son haut de chausses étoit attaché au pourpoint avec des aiguillettes, et qu’il étoit aiguilleté, comme l’Harpagon de Molière.

9. On faisoit alors rafle de tous les gueux irlandois et autres qui se trouvoient à Paris, et on les embarquoit pour le Canada ou Nouvelle-France. Les quartiers qui en fournissoient le plus étoient ceux des Fossés-Montmartre (V. Tallemant, édit. in-12, t. 2, p. 23), de la Ville-Neuve-sur-Gravois, où se trouvoit, comme on sait, l’une des plus fameuses cours de miracle, etc. C’est sans nul doute à cause