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Le doibt mettre en procez pour troubler Son Altesse.
Pauvre prince ! faut-il qu’un nombre de menteurs,
Pour brouiller ton Estat, soyent tes competiteurs4 !
Et voicy le grand sot qui s’en vient à ta porte5
Disputer à bon droit les armes que tu porte !
Je le voy, tout bouffy de colére, emporté,
Temeraire, attenter contre ta Majesté ;
Je le voy, ce grand sot, je le voy qui s’apreste
D’avoir le chaperon que tu porte à la teste ;
Et, pour te faire veoir que ce desir le poinct,
Il a de tes couleurs enrichy son pourpoinct.
Il est de toyle blanche et luy servant de voille
Pour cacher son desseing soubs l’ombre de la toile.
Il est vray que la soye ou le taffetas vert6
Quy paroît sur la toile a son desir ouvert,
Et monstre clairement qu’il se forme et se mire
À ce grand corps des sots que tout le monde admire ;
Il en a les couleurs, il en a les façons,
Et peut dès à present en faire des leçons.
Ce pourpoinct qu’on luy voit à diverses taillades
Ne luy sert pas souvent en des jours de parades ;
Un de taffetas gris, enrichy de ruban



4. Ceci donne raison à notre première note.

5. L’entrée par la grande porte étoit un des points en litige. Angoulevent prétendoit qu’il y avoit seul droit, et l’arrêt du 19 février 1608 lui conserva en effet ce privilége. Il y est dit que Nicolas Joubert (c’étoit le vrai nom d’Angoulevent) sera « maintenu et gardé en sa possession et jouissance de sa Principauté de Sots et des droits appartenant à icelle, même du droit d’entrée par la grande porte dudit hôtel de Bourgogne, etc. »

6. Le vert étoit, comme on sait, la couleur des fous.