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l’on plaçoit dans un endroit où ils pouvoient barboter à leur aise, et trouver de quoi s’empifrer comme des chanoines. Lorsque le gourmand s’appercevoit que sa troupe choisie commençoit à avoir une demarche lourde et embarrassée, il examinoit avec soin celui qui avoit le mieux profité, et, quand il voyoit qu’il y en avoit un qui avoit un ventre qui touchoit presque à terre, il lui attachoit un ruban rouge à la patte. Le cuisinier savoit ce que cela vouloit dire, et, en consequence, le lendemain, il prenoit un des cinq compagnons, le tuoit, le plumoit,


qui répondent : « Mes chers administrés, je vous ai assemblés pour savoir à quelle sauce vous voulez être mangés. — Mais nous ne voulons pas être mangés du tout ! ! ! — Vous sortez de la question !… » (A. Challamel, Histoire musée de la Révolution, 3e édit., p. 11–12.) — De toutes ces facéties, au crayon et à la plume, celle que nous donnons ici n’est pas la moins curieuse. Il en fut fait plus tard une contrefaçon par un journaliste belge, Norbert Cornelissen, le même « qui, pendant cinquante ans, dit M. de Reiffenberg, eut, comme Diderot, de l’esprit pour tout le monde, et défraya la ville de Gand de discours, d’improvisations, de notices, de programmes, etc. » (Annuaire de la Bibliothèque royale de Belgique, 1850, p. 28.) Un jour il publia qu’on venoit de faire une expérience intéressante bien propre à constater l’étonnante voracité des canards : « On avoit, écrit-il, réuni vingt de ces volatiles ; l’un d’eux avoit été haché même avec ses plumes et servi aux dix-neuf autres, qui en avoient avalé gloutonnement les débris ; l’un de ces derniers à son tour avoit servi immédiatement de pâture aux dix-huit suivants, et ainsi de suite jusqu’au dernier, qui se trouvoit par le fait avoir dévoré ses dix-neuf confrères, dans un temps déterminé très court. » C’est tout