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rie ; faisantz laquelle procession prindrent leur chemin droict à Nostre Dame de Lespine, où ilz feirent leurs prières et oraisons. De là prindrent leur chemin à Nostre-Dame de Liesse, où ils feirent aussi de mesme façon, et puis s’en allèrent en la dicte ville de Reims, le premier dimanche de septembre, au nombre de douze mille personnes ; beaucoup desquelles estans de la religion pretendue reformée furent convertis à celle des catholiques10, où ils feirent leurs prières et devotions dedans l’église Nostre-Dame, entre lesquels estoient plusieurs de la ville de Vitry le Bruslé, de la dite religion pretendue reformée, qui tous ensemble chantoient melodieusement en la dite eglise de fort beaux cantiques, dont messieurs les habitans de la ville de Reims, les voyans en si bon ordre, les receurent bien honorablement et leurs presentèrent de leurs biens, les larmes leur tombans des yeux de crève-cueur qu’ils avoient par leur compassion de les veoir faire telles prières et oblations, avec oraisons fort pitoiables, et ny avoit hommes ny femmes et enfans qui ne plourassent à grosses larmes ; et depuis ces



10. Ceci nous explique le motif de ces processions, manifestation évidente des catholiques contre ceux de la religion. Nous y trouvons aussi la raison de ces promenades de pénitents que Henri III conduisoit à la même époque dans les rues de Paris. Où l’on n’a voulu voir que des mômeries ridicules, il faut reconnoître une démonstration catholique exigée par les besoins du moment. Cette année même, au mois de mars, Henri III avoit donné à ces sortes de professions de foi un caractère pour ainsi dire officiel, par la création de la confrérie des Pénitents. (Journal de P. Fayet, p. 28.)