Page:Variétés Tome VII.djvu/327

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

(portans chacun vivres pour trois jours et de l’argent pour en achepter d’autres après avoir despendu leur provision), sans autrement fouler ny faire aucun ravage au peuple, s’acheminent vers les maisons de quelques particuliers qui avoient achepté des dits offices6, les pensans surprendre en personne pour en faire leur volonté ; mais ne les trouvant point, ils ont abatu leurs maisons, arraché les fondemens, bruslé leurs meubles et leurs métairies ou domaines, arraché les vignes, labouré les prés, couppé les bleds estans encore en fleur, enfin exercé tout ce qui se pouvoit imaginer d’indignité sur les biens de ces messieurs les esleuz. Sur ce commencement, un nommé Barrau, natif de Cramat en Quercy, qui a esté nourry et eslevé parmy la noblesse du dit païs, et qui a porté les armes à ces derniers troubles dans les regimens devant Montauban et ailleurs, s’en allant pour certains affaires d’un de ses amis hors la province7, ayant rencontré ces supprimeurs d’eslection, renvoye ses memoires et depesches, se joinct à eux, qu’enfin les voila en nombre de seize mille hommes armez la plus grand’part de faux, manchées à rebours, bastons à deux bouts, et autres longs bois ; quelques-uns avoient des mousquets et des picques, desquels ils avoient dressé des compagnies assés bien ran-


6. « d’esleus. » (Mercure fr.)

7. Ce détail manque dans le Mercure françois. Il y est dit seulement que Barau (sic), « ayant assemblé plusieurs autres troupes de paysans et fainéants, s’alla joindre à celles de Douat. »