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leurs grands, anciens et recommandables services ont rendu tant de suffisans et certains tesmoignages, que l’on n’en peut aucunement douter, supplient tous les bons sujets du roy de croire (comme la verité est) que le seul zèle et entière devotion qu’ils ont à l’honneur de Dieu, service de Sa Majesté, repos public et conservation de leur vie, biens et fortunes, et celles de leurs femmes et enfans, avec la prevoyance de leur inevitable malheur et ruine (s’il n’y estoit proprement pourveu), les a non seulement induits et poussez, mais davantage necessitez, à la resolution qu’ils ont esté contraints de prendre,


dont l’édit étoit l’expression. C’est alors que fut lancée, comme justification et en même temps comme manifeste, la pièce que nous reproduisons ici. Elle est la première qu’il faille placer dans les archives de la Ligue. Elle précède en effet l’acte d’association faite entre les princes, seigneurs, gentilshommes et autres, tant de l’état ecclésiastique que de la noblesse et tiers etat, et habitans du païs de Picardie, acte signé à Péronne par plus de deux cents gentilshommes, et qui fut la véritable charte de l’Union. Maimbourg l’a donné à la fin de son Histoire de la Ligue, 1683, in-4, p. 129 ; mais, comme nous le montrerons plus loin, il semble avoir eu aussi connaissance de ce premier manifeste. Dès lors, les progrès de la Sainte-Union ne s’arrêtèrent plus. Du Midi, où depuis 1550 on lui recrutoit des adhérents pour un premier formulaire conservé dans les manuscrits de Béthune, nº 8823, elle s’étendit par toute la France. La nouvelle charte, copiée sur parchemin, fut portée de maison en maison et couverte de signatures. (Ruby, Hist. de Lyon, liv. 3, ch. 64.) Ce fut à qui mettroit le ruban noir sur son habit (L’Estoille, 6 juin 1591) et la croix blanche à son chapeau. (Ruffi, Hist. de Marseille, liv, 7, ch. 2.)