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Enfin, se trouvant las et loin de la tempeste,
Contre le tronc d’un chesne il appuya sa teste,
Pleurant son père mort et le sort de sa sœur ;
Puis d’un sommeil paisible il sentit la douceur.
Le soleil, connoissant sa gentille nature,
Et prevoyant l’eclat de sa race future,
Par un songe luy dit : « Lève toy de ce lieu :
Tu seras digne espoux de la fille d’un Dieu. »
(Souvent contre l’espoir les Deitez prospères
Font naistre le bonheur au fort de nos misères.)
Le compas glorieux se reveille en sursaut,
Emeu de cette veüe et d’un honneur si haut.
Il rend grace au soleil, et, ferme comme un aigle,
Le regarde et s’en va, puis rencontre la règle,
Droitte, d’un grave port, pleine de majesté,
Inflexible, et surtout observant l’equité.
Il arreste ses yeux, la contemple et s’estonne.
Aussi tost, pour l’aymer, son ame l’abandonne.
Et, sans se souvenir des propos du soleil,
Adore ce miracle et le croit sans pareil.
Il l’abborde, et, remply d’un honneste assurance,
Tournant la jambe en arc, luy fait la reverence.
Pour rendre le salut qu’il donnoit humblement,
Elle ne daigna pas se courber seulement.
Pour vaincre ses rigueurs, il luy tint ce langage :
« Ô vous dont la beauté dans ses chaisnes m’engage,
Soulagez, par pitié, mes desirs vehemens,
Et mille biens naistront de nos embrassemens.
Perdix, ce rare esprit, me donna la naissance ;
N’ayez pas à mepris mon utile alliance. »
La règle, pour regler ses vœux ambitieux,
Luy dit : « Mon origine est mesme dans les cieux ;