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leurs faux-tesmoings de venir de fois à autre promptement leur dire qu’ilz vinssent incontinent parler à la Royne, qui estoit un sujet envers le peuple de les faire entrer en credit, car dès ceste heure là commencèrent à faire de cent solz quatre livres, et de quatre livres rien, envers ceux qui leur prestoient de leur bien, et eux ne se soucians point des plainctifs et remonstrances qu’on faisoit, s’ingerèrent contrefaisans les habiles à pindariser6, sur tous les estatz


6. C’est-à-dire faire les beaux parleurs sur des choses dont ils ne savoient pas le premier mot. On a cru longtemps que ce mot étoit de Ronsard. Jacques Pelletier, dans son Art poétique, lui en a même fait honneur, mais à tort. Le mot est dans Rabelais, liv. 2, ch. 6 : « Seigneur, sans nulle doubte, ce gallant veut contrefaire la langue des Parisiens ; mais il ne fait que escorcher le latin, et cuide ainsi pindariser. »

MM. Burgaud des Marets et Rathery, dans leur excellente édition de Rabelais, t. 1, p. 254, sont les premiers qui lui ont fait cette restitution. Au 17e siècle, ce mot avoit vieilli. (Vigneul-Marville, Mélanges d’hist. et de littérature, 1re édit., p. 102.) M. J. Chenier le rajeunit avec esprit dans son épigramme contre La Harpe, qui, « dans un écrit sur la langue révolutionnaire, avoit proscrit le verbe fanatiser, et avoit posé, comme règle générale, qu’aucun adjectif en ique ne peut produire un verbe en iser » :

Si par une muse électrique
L’auditeur est électrisé,
Votre muse paralytique
L’a bien souvent paralysé ;
Mais quand il est tyrannisé,
Souvent il devient tyrannique :
Il siffle un auteur symétrique,
Il rit du vers symétrisé,