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d’huy se trouvans prins au piége, fuyent de nuict des lieux où ils s’estoient habituez ; mais comme ayanz encore la corde au col, ne pouvant trainer les maisons où ilz s’estoient liez, d’où ilz ont ravy les tresors et richesses qui estoient en icelles et en celles de leurs voisins, il s’en pourroit par aventure bien recourre quelque chose ; le malefice des dessusdictz Italiens vient mal à propos pour le terme allegué des somptueux Romains et de leur justice, à l’injustice de telle canaille : car les Romains publient la justice aux humains, les Italiens vilains ; les Romains usent de droicture, Italiens de forfaicture ; Romains sont de grand renom, et les Italiens non ; les Romains sont pleins de bombance, Italiens prisent leur pance ; les Romains sont vertueux, les Italiens morveux ; les Romains sont preux à l’espée, Italiens à la pipée ; les Romains font à chacun raison, Italiens de trahison ; les Romains sont magnanimes, Italiens font la mine ; les Romains sont preux et vaillans, Italiens malveillans ; Romains ont conquis la toison d’or, Italiens ont dérobé la mine d’or ; les Romains constans en toute saison, Italiens en toute poison5 : les Romains ont acquis victoire, Italiens perdent memoire ; les Romains sont gens illustres, Italiens de faux lustre ; les Romains gardent equité, Italiens l’iniquité ; Ro-


5. Poison, comme on sait, étoit alors du féminin (V. t. 4, p. 7). C’est d’Italie qu’on nous expédioit ces substances dangereuses, avec la manière de s’en servir. Bodin, dans son Discours sur le rencherissement de toutes choses, dit avec raison que nous aurions bien pu nous passer de faire de tels emprunts à l’Italie, en échange de choses saines et profitables.