Page:Variétés Tome VII.djvu/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tous fatiguez des courses qu’ils avoient estez, pour montrer leurs courages, contraints de faire, ne sçavoient quelles contenances tenir, ayant les oreilles longues comme celles de Midas ; et furent encores plus estonnez lorsque leur hostesse leur demanda à chacun quatre pistolles pour satisfaire tant au rôtisseur pâtissier que pour le muscat, l’yppocras et confitures, sans rien mettre en ligne de compte de ce qu’elle pretendoit avoir, tant pour ses sallaires que pour le bon traictement qu’elle leur avoit fait. Ce fut alors que ces muguets commencèrent à se regarder de plus beau les uns les autres, pendant que mesdames les bourgeoises estoient encore au lict, qui n’attendoient autre chose que le desjeuner fust prest pour sauter en place.

La matrone, voyant le refroidissement de ces personnages, ne les importuna point davantage à bailler de l’argent, sçachant bien que ces bonnes dames avoient de bonnes chaisnes d’or et brasselets qui estoient plus que suffisans de la satisfaire, et seulement se contenta pour lors de leur demander de quoy envoyer querir à dejeuner en attendant le dîner. Parmy eux il y en avoit deux qui estoient de bas aloy, ce qui contraignit les deux autres de jetter chacun une pistolle, lesquelles furent incontinent grippées par cette couratière d’amour, qui une heure après leur fit porter un assez leger dejeuner, si bien qu’ils demeurèrent sur leur appetit, esperant de mieux disner ; mais ils furent bien frustrez de leurs esperances, car, voyant deux heures après midy sonner, et que le disné n’avoit point de jambes, furent contraints d’envoyer l’un d’iceux voir si