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— Ah ! Madame, dit alors une damoiselle de qualité, de qui le mary estoit au lict blessé d’un coup de mousquet au bras, il ne se faut pas fier à la robbe de Rabelais ; le plus beau Palladium qu’on puisse souhaiter pour la deffence d’une ville, c’est le nombre des gens et de soldats qui y sont. Si Troye ne se fust laissé ensevelir dans le vin et dans le sommeil, nonobstant le Palladium des Grecs, jamais elle n’eust été prise ; mais quel Palladium et quelle sauve garde pouvons nous avoir, puis que nous n’avons tantost plus personne pour nous deffendre ?


curieux article de la Biog. médicale qu’il a consacré à Rabelais, parle ainsi de sa robe et des rajeunissements, dont il exagère peut-être le nombre. « Nous sommes réputés nous-mêmes avoir porté cette robe, mais c’étoit une pure commémoration, car elle avoit été renouvelée au moins vingt fois, puisque environ cinquante docteurs annuellement reçus à Montpellier en ont constamment emporté des lambeaux, avant, pendant ou après l’acte probatoire dit de rigueur (punctum rigorosum) ». C’est dans la grande salle, comme nous l’avons dit, qu’on l’endossoit, et qu’elle étoit toujours pendue (Degrefenille, Hist. de Montpellier, liv. 12, ch. 1). Piron la prit pour sujet de cette épigramme où il apostrophe Montpellier :

Secourable mont des Pucelles,
Puissiez-vous long temps prospérer !
Puissent de vos plantes nouvelles
Les vertus toujours opérer,
Et ne jamais dégénerer,
Comme la robe mémorable
Qui fut un harnois honorable
Tant que Rabelais l’eut sur lui,
Mais qui, par un sort déplorable,
N’est plus qu’un bât d’âne aujourd’hui.