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commencement du siége, et se vinrent refugier à Montpellier, persans avoir meilleur marché ; mais, de malheur, son mary avoit esté tué en ceste seconde escarmouche.

La femme d’un jeune advocaceau sans cause, qui deux jours auparavant, voulant aller plaider sur la muraille, fut salué d’une pilule au travers du corps, à cause peut estre qu’il estoit constipé, va dire : « Hola ! Mamie, vous parlés encore, vous qui estes vieille, et qui desjà avez un pied dans la fosse ! N’avez-vous point tant sujet de vous plaindre que moy, qui ay perdu mon mary depuis deux jours en ça ? Vostre mari estoit vieil et caduc : quand la queue commence à se secher le fruict tombe ; mais le mien estoit encor en sa verte jeunesse et bon advocat, qui bailloit tousjours le droict à sa partie, et de qui la compagnie m’estoit douce : avec combien de regrets et de ressentiments de douleurs croyez-vous que je me ressouvienne de ceste perte ? »

— Et moy (dit une fille de haut goust, qui estoit au coin), pensez-vous que je ne me ressente point de tous ces troubles icy ? Avant qu’on eût bloqué ceste ville, et que le bruit des reistres9 fût venu aux


9. Ces bandes de cavaliers allemands (reiter), après avoir long-temps ravagé la France, finirent par se mettre à notre solde. Au siége de Juliers, en 1610, il y en avoit que le prince d’Anhalt avoit amenés, et qui combattoient de concert avec nos troupes, commandées par M. de La Châtre. Il s’en trouvoit aussi, comme on le voit, au siége de Montpellier, où on leur donnoit pour adversaires ces mêmes réformés qu’ils étoient venus secourir au temps de Coligny. Autre temps, autre drapeau. Sur les pre-