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plustost acheté une poulle, un oyson, un cheval, ou mis quelque chose en son grenier ou salloir qu’incontinent il luy est ravy. Par ce moyen, estant desnué de tous biens, il se resoult de ne plus nourrir de bestial ; il delaisse son trafic ; il quitte sa ferme, ou, s’il la continue, il ne peut labourer ses terres, et ce qu’il laboure est mal labouré, mal fumé, mal ensemencé ; de sorte que la moitié des terres demeure en friche, et l’autre moitié est si mal cultivée qu’elle ne rapporte que le tiers et le quart de ce qu’elle rapportoit auparavant. Voilà les fruicts et effets des guerres civiles, lesquelles nous apportent ceste grande calamité et cherté, sans esperance ny apparence d’aucun profit.

Quant aux monopoles des marchans et artisans, qui s’assemblent en leurs confrairies pour asseoir le pris à leurs marchandises et à leurs ouvrages et journées, il faudroit deffendre les dites confrairies64, et suivre en cela ce qui fut sur la deffense d’icelles ordonné aux estats d’Orléans. Et pour parler des monopoles des marchans et fermiers qui portent la cherté du bled, nous suivrons en cest article les articles comprins en la belle et docte re-


64. V. l’une des notes précédentes, au sujet de la mesure prise par Poyet contre les confrairies. C’est aussi en haine de ces corporations engraissées par le monopole que parut l’ordonnance royale déclarant qu’un maître reçu à Paris pourroit exercer son métier dans toute la France. (Isambert, Anciennes lois françoises, t. 14, p. 399.) — « C’étoit presque affranchir l’industrie du monopole des corporations », dit M. Chéruel (Histoire de l’administration monarchique, etc., t. 1, p. 225).