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soing et qu’il faut necessairement avoir de l’estranger, comme les metaux et autres que nous deduirons cy-après.

La cinquiesme cause de la cherté provient du plaisir des princes, qui donnent le pris aux choses. Car c’est une règle generale en matière d’Estats, que non seulement les roys donnent loy aux subjets, ains aussi changent les mœurs et façons de vivre à leur plaisir, soit en vice, soit en vertu, soit ès choses indifferentes. Ce qui merite un long discours, qui pourroit estre accompagné de plusieurs exemples. On a veu que par ce que le roy François premier aimoit fort les pierreries, à l’envy du roy Henry d’Angleterre et du pape Paul III, de son regne tous les François en portoient. Depuis, quand on vit que le feu roy Henry les mesprisa58, on n’en vit jamais si grand marché. Maintenant qu’elles sont aimées et cheries de noz princes, chacun en veut avoir, et elles haussent de pris.

La sixiesme cause de la cherté provient des impositions mises sur le peuple59. En quoy il faut pre-


58. Bodin dit la même chose, avec quelques détails de plus. Il est certain que Henri II n’aimoit pas le luxe des vêtements et le combattit autant qu’il put, surtout par son exemple. Lorsqu’on a écrit dans toutes les histoires de France qu’il fut le premier à porter des bas de soie, on a dit tout le contraire de la vérité. Il fut le seul de sa cour qui n’en voulut pas porter. V. notre livre L’esprit dans l’histoire, p. 152–53, note.

59. Par exemple, pour ne parler que de la taille, impôt dont le peuple étoit souvent grevé, il est certain que depuis Louis XII le chiffre en avoit triplé : de quatre millions il