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moderoient et retranchoient la superfluité, et qu’au lieu de quatre plats ils se contentassent de deux ou au lieu de vingt mets de dix, et que pour quatre ou six chappons ils n’en missent que la moitié, ce seroit un gain de cent pour cent, et doublement des vivres, au grand profit du public. Le semblable se peut dire du vin, l’usage duquel, ou plutost l’abuz, est plus commun en ce royaume qu’en nul autre. On blasme les Allemans pour leurs carroux41 et grands excez en leur façon de boire ; et neantmoins ils sont mieux reiglez pour ce regard que nous : car en leurs maisons et ordinaire il n’y a que les chefs des maisons qui boivent du vin ; et quant aux enfans, serviteurs et chambrières, il


mais ils ne servent de rien », dit Bodin dans son Discours, et c’est vrai là, comme partout à cette époque, la plus sagement réglée en théorie et la plus déréglée en pratique.

41. Plus tard on dit carrousse, faire carrousse ; le premier mot se rapprochoit davantage de la racine allemande gar-auss (tout vidé). H. Étienne (Dialogue du nouveau langage françois italianizé) se moque de l’introduction de ce mot, auquel il donne l’orthographe qu’il a ici :

« Nous pouvons en certains cas, dit-il, non seulement italianizer, mais aussi hespagnolizer, voire germanizer, ou (si vous aimez mieux un autre mot) alemanizer, comme aussi nous faisons, et notamment en un mot qui est introduit depuis peu de temps. Phil. Quel mot ? Celtoph. Carous. Car j’ay ouy dire souvente fois depuis mon retour faire carous ; et quelquefois tout en un mot aussi carousser. Et n’est-ce pas la raison de retenir le mot propre des Allemands, puisque le mestier vient d’eux, comme aussi desjà nos ancestres avoient pris d’eux ce proverbe : Bon vin, bon cheval. »