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donc plusieurs raisons et exemples de l’abondance de l’or et de l’argent de ce royaume, de laquelle procède en partie la cherté et haut pris de toutes choses.

Le degast est la seconde cause de la dite cherté, laquelle procède de l’abondance et dissipe ce qu’on devroit manger ; et de la procède la dite cherté. Car, s’il faut commencer par les vivres, pour puis après venir aux bastimens, aux meubles et aux habits, vous voyez qu’on ne se contente pas37 en un disner ordinaire d’avoir trois services ordinaires : premier de bouilly, le second de rosty et le troisiesme de fruict ; et encore il faut d’une viande en avoir cinq ou six façons, avec tant de saulses, de hachis, de pasticeries de toutes sortes, de salemigondis et d’autres diversitez de bigarrures, qu’il s’en fait une grande dissipation. Là où, si la frugalité ancienne continuoit38, qu’on n’eust sur sa table en un festin que cinq ou six sortes de viandes, une de chacune


soit comme à Gênes, où la maison Saint-Georges prend l’argent, de tous ceux qui en veulent apporter, au denier vingt, et le baille aux marchands, pour trafiquer, au denier douze ou quinze, qui est un moyen qui a causé la grandeur et richesse de cette ville-là, et qui me semble fort expedient pour le public et pour le particulier. »

37. Tout le passage qui suit est cité par de Mayer, dans la Galerie philosophique du XVIe siècle, t. 2, p. 162, mais sans indication de la source, ce qui embarrasse beaucoup les lecteurs de son livre très curieux.

38. Du Haillan est tout près de demander ici qu’on en revienne à l’édit somptuaire de Philippe-le-Bel, rappelé un peu plus tard, comme on sait, dans les Caquets de l’accouchée. V. notre édition, p. 32.