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millions de francs lorsqu’il fit tous ses offices. En France il n’y a recepte generale qui ne vaille aujourd’huy trois, quatre et cinq fois de plus que elle ne valoit jadis. La Bretagne ne valut jamais aux ducs d’icelle plus de trois cents mille livres ; aujourd’huy elle en vaut plus d’un million, sans compter les aydes et les deniers qui proviennent de la vente des offices du dit païs. On peut juger le semblable des autres. Le comté d’Angoulmois ne fut baillé au comte Jean, fils puisné du duc Loys d’Orleans, que pour quatre mille livres de rente en assiette ; et aujourd’huy il vaut plus de soixante mille livres. Le dit duc Loys eut pour son appannage le duché d’Orleans et les comtez de Valois et d’Angoulmois pour douze mille livres de rente ; et regardons combien cela vault aujourd’huy davantage. Voyons l’aage de Charles septiesme, auquel la France (comme nous avons dit) despouilla son enfance et commença de croistre en sa grandeur. Il ne feit jamais valloir son royaume qu’à un million et sept cents mille livres. Son filz Loys unziesme, ayant augmenté sa couronne des duchez de Bourgongne et de Anjou, et des comtez de Provence et du Maine, print trois millions plus que son père ; dequoy le peuple se sentit si foullé qu’à la venue de Charles huicitiesme, son fils, à la couronne, il fut ordonné, à la requeste et instance des esleuz, que la moitié des charges seroient retranchées.

Depuis, la Bretaigne estant venue à la couronne, plusieurs nouvelles impositions ont esté mises sur le peuple, et les anciennes, comme les tailles, les aydes et les gabelles, sont augmentées ; ce qui est