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voyant le dit roy que ny son dit fils ne pouvoient obtenir, ny ses bons serviteurs impetrer, ny son peuple donner aucune somme d’argent, luy-mesme y vint en personne, et, quelque prière et remonstrances qu’il fit à son dit peuple, il ne peut trouver argent pour la rançon à laquelle l’Anglois l’avoit mis, et fut contraint s’en retourner en Angleterre pour trouver moyen de la faire moderer et cependant attendre qu’on luy feist deniers. Quelque temps devant que le dit roy fust prins prisonnier, il se trouva en grande necessité, par laquelle il ne peut jamais trouver sur son peuple soixante mille francs d’or, que quelques uns ont voulu evaluer à escus.

Aussi nous lisons en nos histoires qu’a faute d’argent on fit monnoye de cuir avec un clou d’argent33. Et, si nous venons à nostre aage, nous trouverons qu’en six mois on a trouvé à Paris plus de quatre millions de francs, et chasque année en tire on plus que jadis le revenu de la France ne valoit en six ans : ce qui vient de l’abondance de l’or et de l’argent qui est en la dite ville, de la bonne volonté des Parisiens envers leur roy et de sa necessité extrême. On dit que l’année 1556 valut au roy Henry quarante


33. Ceci est pris à peu près textuellement dans le Discours de Bodin. Dans le Traicté et advis de François de Bogue, p. 43, il est aussi parlé de ces monnoies qu’on peut appeler de nécessité : « Les princes, dit-il, se sont servi, pour la fabrication de leurs monnoies, de matière vile et de peu de valeur, comme de cuyvre-cuir dont parle Senèque, et comme il fut fabriqué par Frideric, qui la retira par après, plomb et papier, comme il se veoit en quelques autheurs. »