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dance produit le luxe et la despense excessive qu’on fait en vivres, en habits, en meubles, en bastimens, et en toutes sortes de delices. Le degast et la dissipation des choses est une autre cause, lequel procède de la dite abondance : car là où est l’abondance, là est degast. Les monopoles des fermiers, marchans et artisans, est la troisiesme cause19. Quant aux fermiers et marchans, il se voit clairement qu’estans aujourd’huy presque tous biens, tant ceux du roy que des particuliers, baillez à ferme, les dits fermiers et marchans arrent les vivres devant qu’ils soient recueillis, puis les serrent, et en les serrant


inondée par l’or de la Californie et de l’Australie, trouve aussi beaucoup de justesse dans le raisonnement de Bodin, dans les expédients qu’il propose, lesquels, dit M. Lacroix, « l’économie politique du XIXe siècle ne sauroit repousser ni dédaigner complétement ». (Revue contemporaine, 31 déc. 1856, p. 357.)

19. Bodin parle ainsi du monopole organisé en véritable conspiration contre l’acheteur, et qu’il propose d’anéantir, comme le vouloit le chancelier Poyet, par le retranchement des confréries : « Rien, dit-il, n’est aussi considerable comme occasion de cherté que les monopoles des marchands, artisans et gaigne-deniers ; lorsqu’ils s’assemblent pour asseoir le pris des marchandises ou pour encherir leurs journées et ouvrages, et parceque telles assemblées se couvrent ordinairement du voile de religion, le chancelier Poyet avoit sagement advisé qu’on devoit oster et retrencher les confrairies, ce qui a esté confirmé à la requeste des Estats d’Orléans, tellement qu’il n’y a point faute de bonnes loix. » Seulement il faudroit les exécuter. Bodin ne le dit pas, mais ce n’est pas faute de le penser. Du Haillan reviendra plus loin lui-même sur cette idée de supprimer les confrairies.