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vées et journées des manouvriers, nous voyons, par les coustumes arrestées et corrigées depuis soixante ans, que la journée de l’homme en esté est taxée à six deniers, en hyver à quatre deniers, et avec sa charrette à beufs à xij deniers ; peu auparavant la journée de l’homme estoit à douze deniers, celle de la femme à six deniers15.

Quant aux terres, la meilleure terre roturière n’estoit estimée que au denier vingt ou vingt-cinq, le fief au denier trente, la maison au denier cinquante ; l’arpent de la meilleure terre labourable au plat païs ne coustoit que dix ou douze escus, et la vigne que trente. Et aujourd’huy toutes ces choses se vendent trois et quatre fois autant, mesmes en escus pesans un dixiesme moins qu’ils ne pesoient il y a trois cents ans16.

Par là on peut cognoistre combien les choses sont haussées de pris depuis soixante ans. Ce qui en outre se peut aisement verifier par la recherche des adveuz de la Chambre des comptes, par les contracts particuliers et par ceux du tresor de France,



15. D’après le Reglement du prevost de Paris donné le 17 octobre 1601, on payoit 45 livres de gages au premier valet de charrue, 25 livres aux autres valets, 12 livres à la ménagère, 36 au maître berger.

16. L’altération des monnoies étoit aussi alors un des grands sujets de plainte. Jean Bodin, qui veut entre autres choses qu’on réduise « toutes les monnoies à trois sortes et au plus haut titre qu’il sera possible », s’occupe longuement de cette question. Elle est abordée avec plus de détail et de compétence encore dans le Traicté et advis sur les poincts controversez au faict des monnoyes (par François Le Bogue,