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fait et que son histoire ne soit aussi belle que celle de Mamurin. Figurez-vous donc que,

Un jour qu’on luy parloit de celuy qui brusla le temple de Delphes pour rendre son nom immortel : « Il le pouvoit faire à meilleur marché et avec moins de peine, dit il : ne connoissoit-il point de poëte ? »

Pource qu’on le railloit de ce qu’il portoit des cloux à ses souliers, il repondit qu’il etoit de l’ordre de Pegase.

Une fois, qu’on luy demandoit pourquoy il mangeoit si peu : « C’est de peur de mourir de faim ! » repondit-il, voulant dire que c’estoit pour epargner de quoy manger le lendemain.

Mamurin luy demandant un jour : « Comment peux-tu vivre et manger si peu ? — Et toy, repondit-il au parasite, comment peux-tu vivre et manger tant ? »

Chantant un jour dans une compagnie, il le fit si miserablement qu’on le livra aux pages et aux laquais, qui le pensèrent accabler de pierres. Quand on luy reprochoit cette aventure, il disoit qu’il avoit cela de commun avec Orphée et Amphion d’attirer les pierres et les rochers.

Une autre fois, tout le monde s’estant levé dès qu’il commença à reciter de ses vers, il dit qu’il estoit le coq de tous ceux de sa profession.

Moqué un jour de ce qu’il gratoit sa teste pour faire des vers qu’on luy demandoit : « Comment voulez-vous que je les en tire, dit-il, si ce n’est avec les mains. »

Une autre fois, sur le mesme sujet : « Pour qu’un