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La Faiseuse.

cœur dans un moment, ou le prendre d’assaut, s’il faut ainsi dire.

Prenez une mouche de bal
Avec deux mouches de ruelle,
Renoncez un moment à vostre humeur cruelle ;
Quand le galant viendra, radoucissez vos yeux ;
Lors, d’un ton de voix gracieux
S’il dit qu’il meurt d’amour, et qu’il mourra fidèle,
Répondez en biaisant, flattez un peu son mal ;
Que s’il parle encor de son feu,
Taschez de paroistre resveuse,
Et, pour deguiser vostre jeu,
Contrefaite la serieuse,
Dites : Les hommes sont trompeurs,
Ils sont fins et bien dangereux ;
Ils feignent d’estre malheureux,
Pour tromper une malheureuse ;
Mais une fille est sans excuse
Quand elle croit ces imposteurs !
Que si pour lors le galant jure
Qu’il n’est ny menteur ny parjure,
Qu’il ne feint pas les maux qu’Amour luy fait souffrir,
Sans vous faire tirer l’oreille,
Dites-lui, divine merveille,
Que le temps peut tout decouvrir.
Cependant, blamez l’inconstance,
Dites qu’un vray galant est un tresor de prix ;
Au reste, donnez-luy quelque douce esperance,
Et tenez celui-là pour pris.

Cependant je viens de m’adviser, Mademoiselle, que je sème des vers, parcy, par-là, dans une lettre