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La Faiseuse

clination des abeilles, qui ne se posent d’ordinaire que sur des fleurs. Cependant, pour ne pas faire un grand discours sur un pied de mouche, et pour venir à ce qui est de plus important en cette matière, il faut que je vous apprenne qu’entre celles que je vous envoye, les longues se doivent mettre au bal[1] le plus souvent, parcequ’elles paroissent et se plaisent davantage au flambeau. Les plus grandes et les plus larges sont vraies mouches de cours, et pour les lieux d’où l’on les voit de loin, car elles portent 30 ou 40 pas, pour le moins, et vont attaquer un homme à la portée d’un pistolet. Nous en remarquons encore d’autres par dessus toutes, fort petites et coquettes à merveille, et celles-là sont vraies mouches de ruelle, qui ne tirent qu’à brusle pourpoint, et qu’on doit mestre en jeu quelque jour de collation ou de feste. Il ne dependra maintenant que de vous d’en tirer l’usage qu’il vous plaira ; je veux pourtant vous apprendre à vous en servir avec succez quand il vous prendra fantaisie de saisir un

  1. Les mouches rondes étoient les plus vantées. On les appeloit assassins. On lit dans la chanson que cite Tallemant :

    Vous auriez beau être frisée
    Par anneaux tombant sur le sein,
    Sans un amoureux assassin
    Vous ne serez guère prisée.

    Les hommes eux-mêmes en portoient : « Il sera encore permis à nos galants de la meilleure mine de porter des mouches rondes et longues. » (Les lois de la galanterie 1644, édit. Aug. Aubry, p. 18.)