Page:Variétés Tome VI.djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la Poterie et ailleurs, tous ès lieux de leur fripperie, assemblez à la Table Roland25, et partout où le vin a esté trouvé le meilleur, que les dits savetiers n’achepteront ny vendront desormais, tant en gros qu’en detail, aucunes bottes, tant crottées qu’autrement, si le cheval, mulet ou asne à selle ne les cautionne duement et suffisamment ; mais il est apparent et notoire qu’il n’y a point de cheval à l’estable faute d’avoine, de foin et d’argent, qui est le pis, ergo gluc, etc. Les bottes sans cheval sont fessées, biffées et annulées, et remises ès pieds et jambes de ceux qui auront le moyen de les entretenir avec leurs despendances, et ce soubs ceste moderation :

Vade pede quando copia deficit equi.
Je vay botté en attendant un cheval.

Je vous conseille donc, bonnes gens bottez sans cheval, laissez ces bottes aux seigneurs et gentils-hommes qui ont moyen d’avoir des chevaux. Cela vous eschaufe trop les jambes et vous empesche. Aussi n’avez-vous accoustumé d’en porter, comme n’estant vostre estat. Je vous assure qu’on se mocquera de vous, et ce que je voy arriver de pis, c’est qu’il les faudra à la fin vendre à mespris pour payer voz gistes, car les hostesses de Paris n’ont que faire de bottes : elles veulent d’argent. Adieu ; soyez sages.



25. Ce cabaret, dont nous avons déjà parlé, t. 1, p. 195, se trouvoit près le Châtelet. V. les Visions admirables du pèlerin du Parnasse, et l’analyse curieuse que Nodier a faite de ce livre, Bullet. du Biblioph., août 1835, p. 10.