Page:Variétés Tome VI.djvu/37

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tes, et eux ne vendent point de chevaux, et asseurent en leurs articles qu’il y a de la tromperie, veu qu’il ne peut avoir tant de bottes sans chevaux18. Mais l’affaire n’a point esté si aigre, car les savetiers ont representé (descouvrant le secret du sus dit gentil-homme sans nom) que les grandes boues de Paris estoient cause de telle confusion de bottes19, et qu’un homme a plus tost trouvé vingt sols pour une paire de bottes que vingt escus pour un meschant cheval, joint


Ferraille, qu’il devoit aux ferronniers dont il est ici question. Vers la fin du règne de Louis XV, ils en furent éloignés en vertu d’une ordonnance de police que le chevalier de Piis formuloit ainsi, avec une richesse de rimes sans égale :

Enjoignons aux vieux férailleurs
De vendre leur vieux fer ailleurs.

18. « N’est-ce pas, dit Hortensius, faisant, au liv. 10 du Francion, « l’oraison démonstrative » des bottes, n’est-ce pas grand avantage, si l’on veut aller se promener, que de paroistre chevalier, estant seulement botté, encore que l’on n’ait point de cheval, d’autant que ceux qui vous voient s’imaginent qu’un laquais tient vostre monture plus loin ? Aussi un estranger s’estonnoit-il un jour où il pouvoit croistre en France assez de foin et d’avoine pour nourrir les chevaux de tant d’hommes qu’il voyoit bottez à Paris ; mais l’on le guerit de son ignorance, luy remontrant que les chevaux de ceux qu’il avoit veus ne coustoient guère à entretenir. »

19. « Car, dit encore l’Hortensius du Francion, il n’y a rien de plus commode pour espargner les bas de soye, à qui les crottes font une guerre continuelle, principalement dedans Paris, qui, à cause de sa boue, fut appelé Lutèce. N’y a-t-il pas un adage qui dit que verolle de Rouen et crotte de Paris ne s’en vont jamais qu’avec la pièce ? » C’est en effet l’abondance continuelle des boues dans Paris qui avoit amené cet usage des bottes, devenu si général. « Ceux