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cecy ? de quoy se mesle-on ? qu’a-on affaire de nos menues folies ? » Patience, damoiselettes, attendez, et non fumetis, ayez patience. Elles portent encore (Ha ! maistre Crito, vous direz tout à la fin) le teton bondissant15 et relevé par engins au dehors, pour donner appetit et passetemps aux alterez. Ainsi marchoit Thaïs de Corinthe, Flora, Romaine, et autres femmes lascives ; et, suivant cela, on dit que bon vin n’a besoin de bouchon16.

Mais j’ay pensé oublier le principal : c’est que, pour porter proprement telles bottes, il faut s’accoustumer à dire : chouse, je venés, je disés, j’estés, Anglés, Francés, et autre tel barraguin estranger ; et qui n’a ceste pièce en sa valise, qu’il se garde bien pour son honneur de porter des bottes de cordonnier, soit de la savaterie, car elles sont aujourd’huy cause d’un grand bruit, d’autant que les maistres cordonniers sont sur le point de se bien galer avec les savetiers, car il n’y a qu’eux qui vendent des bottes frippées à un quart d’escu ou vingt sols. Ils veulent aussi aux ferronniers de la vallée de Misère17 pour les vieux esperons. Autre grand debat s’est esmeu entre les maquinons, vendeurs de chevaux, avec les sus dits savetiers, car ils veulent sçavoir, quoy qu’il en soit, d’où ils ont tant de bot-


15. V. notre t. 3, p. 257–258.

16. C’est, comme on sait, le vieux proverbe latin qui se trouve dans les Mimes de Publius Syrus : Vino vendibili hedera non opus est.

17. C’est aujourd’hui le quai de la Mégisserie. Aux derniers siècles, on lui donnoit aussi le nom de quai de la