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d’un costé en façon de mauvais garçon, avec un morceau de plume verte, jaulne, rouge, grise ou autrement, et voilà le galand ; autres en veulent en façon de turban levantin ou moscovite, ronds et peu de bords9, pour dire : Je ne suis plus Francé. C’est comme on parle maintenant10. Je veux une nouvelle façon. Et quoy ! ne paroistray-je pas botté, espronné, moustaché et guirlandé ? Si feray dea ! C’est la verité, Monsieur ; vous estes brave comme cela, et si paroissez autrement, vous vous pourriez bien hardiment dire descheu du point d’honneur et


9. Sur ces diverses formes de chapeaux, voir le Satyrique de cour, dans notre t. 3, p. 245.

10. C’étoit la prononciation à la mode, due à l’imitation de l’accent efféminé des Italiens. « On n’ose plus, dit Henry Estienne dans son Dialogue du nouveau langage françois italianizé, Paris, 1579, on n’ose plus écrire françois, françoise, sous peine d’être appelé pédant. » Courval Sonnet, qui avoit vu les progrès de cette mauvaise prononciation, et qui la trouvoit tout à fait triomphante sous Louis XIII, à l’époque même où parut la pièce que nous reproduisons, s’en explique ainsi dans une de ses satyres :

Bref, que dirai-je plus ? Il faut dire il allèt,
Je crès, françès, anglès, il disèt, il parlèt.

C’est donc inutilement que les doctes, Pasquier en tête, avoient proscrit cet accent exotique. « Le courtisan aux mots douillets, écrivoit-il dans sa quatrième lettre à Ramus, nous couchera de ces paroles : « reyne (au lieu de royne), allèt, tenèt, menèt… Ni vous, ni moi, je m’asseure, ne prononcerons, et moins encore écrirons, ces mots de reyne, allèt, menèt. » V. Lettres de Pasquier, in-fol., t. 2, p. 46, 57–58.