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rapporte à vous-mesmes et à tout homme de sain jugement.

Le Marchand.

Voire ; mais vous m’avez naguères, ce semble, voulu induire à penser tout le contraire par les malheureux accidens qui surviennent volontiers après la guerre.

Le Soldat.

Mais de tels accidens, la guerre mesme en est la cause, pour ce qu’elle traîne une infinité de maulx à sa queue.

Le Marchand.

Vous la me faites ressembler au scorpion, qui porte le venin mortel à la queue, dont luy-mesme est le preservatif et remède : car vous m’avez dict qu’en temps de paix les voleurs se mussent6 aux bois et aux lieux propres à guetter les passans, et qu’en temps de guerre ils se retirent au camp. Ainsi donc, la guerre oste en cet endroit l’occasion de mal faire, de laquelle la queue est dangereuse quand un camp est rompu et que les soldats sont debandez.

Le Soldat.

Il n’y a rien plus certain, combien qu’il s’en trouve beaucoup de bien nez, et ayans le cœur en bon lieu assiz, qui n’abusent pas de la guerre, mais la suivent seulement pour faire service au prince, et, quand les parties sont d’accord, s’en vont (comme j’ay dict) en leurs maisons, l’un à un estat et vaca-


6. Se cachent.