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ques, sont contrains aller à la guerre ? Que pensez-vous qu’ils facent maintenant, estant cassez ?

Le Marchand.

Ils se retireront en leurs maisons, comme le roy commande5.

Le Soldat.

Je confesse bien que les bons se retireront chascun en leur domicile ; mais les maisons des autres sont les bois, où ils se mettent pour destrousser et voller les passans quand la guerre est faillie.

Le Marchand.

Vous voulez donc inferer de là que la guerre seroit meilleure que la paix ?

Le Soldat.

Encores que je soy soldat, si est ce qui n’est pas mon intention, car je ne doute pas que la paix (comme j’ay ouy dire autres fois à mon capitaine, homme vertueux et sçavant), à quelque condition qu’elle soit, ne vaille mieux que la guerre ; dequoy (pour n’avoir mon propos besoin d’aucune preuve) je me


5. Beaucoup de gens de village qui s’étoient faits soldats ne vouloient plus, la paix faite, retourner aux champs. L’épée, à ce qu’ils pensoient, les avoit faits nobles, et, avec le travail, ils redeviendroient vilains comme devant. Il est parlé dans le Paysan françois, p. 10, de plus d’un « qui avoit changé son coultre en une espée, et sa vache en une arcbuze, et se faisoient appeler l’un monsieur du Ruisseau, l’autre de la Planche, du Buisson, et tels autres surnoms et lettres de seigneurie de guerre, indices de leur première vacation ».