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qui tenoient le party des princes, s’assemblèrent au nombre de trois cens chevaux, qui investirent ladite maison et se mirent en devoir de la forcer ; dont ledit Carrefour ne s’esmeut nullement, et leur dict que, s’ils ne se retiroient, il poignarderoit ledit sieur marquis et leur jetteroit du haut en bas de sa maison ; et, craignant qu’il n’executast ses paroles, ils furent contraints capituler avec luy et luy promettre une grosse rançon pour ledit sieur marquis, lequel il retint prisonnier jusqu’à ce qu’il l’eut receue ; mais, après que lesdits mouvemens furent lessez, ledit sieur marquis en eust bien sa raison : car il luy fit faire son procez par contumace et le fit condamner à estre pendu, et fit executer la sentence par effigie à Villeneufve-le-Roy. Je ne vous dirai point tout ce que ledit Carrefour a faict du depuis, parceque je n’en suis pas bien informé ; mais le bruit commun a esté partout que ledit Carrefour, qui se faisoit nommer le baron de Mailly, a fait plusieurs vols et actes meschans, tant sur les frontières que dedans le royaume mesme, en la ville de Paris, où il se faisoit ordinairement suivre de cinquante volleurs à qui il donnoit rendez-vous ; et l’an 1621, au retour du roy, on ne parloit que de volleurs en ceste ville, qui tous estoient sous la conduite de Carrefour9. Il a esté


9. Ceci donneroit à penser qu’il étoit le chef de la bande des Manteaux rouges, dont nous avons déjà parlé souvent. V. t. 1, p. 198 ; t. 5, p. 194. «Il ne s’arrestoit jamais en un lieu, lit-on dans le petit livret sur sa prise ; on l’a recogneu desguisé assez souvent dans Paris, qui s’enquestoit si on ne parloit pas de luy. »