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À qui je souhaite un licol ;
Barbe qui couvre une poitrine
D’où sort le mal qui nous ruine ;
Barbe d’un maudit loup-garoux
Qui cause mon juste courroux.
Tu sentiras, barbe de laine,
Les traits plus piquans de ma haine ;
De laine, non, je me desdis :
Il m’est permis, si j’ay mal dit,
De me reprendre et de mieux dire.
Disons donc mieux, et faisons rire
Tous ceux qui ces vers ecriront3,
Ou ecrits après les liront.
N’appelons plus barbe de laine
Une barbe qu’avons en haine :
Ce mot est trop doux pour celuy
Qui s’engraisse du bien d’autruy ;
Qui, abandonnant sa patrie,
Noircit sa memoire fletrie,
Et, comme un lache renegat,
Trahit son roy et le senat.
Apellons-la barbe piquante,
Du sang du peuple degoutante ;
Barbe plus fière qu’un griffon,
Barbe du grand geant Tiphon ;
Nommons-la barbe de Megère,
L’appentil de notre misère,
Le fondement de nos malheurs



3. M. Moreau conclut avec raison de ce vers que cette mazarinade, comme bien d’autres, se répandoit par copies manuscrites.