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Barbe affreuse, barbe maudite,
Barbe d’un diable d’hypocrite,
Barbe d’un infame Martin,
Grand defendeur de Mazarin,
Qui s’offriroit pour un ecu
De serviette à torcher le cul ;
Barbe qui tout prend et devore,
Barbe que tout le monde abhorre,
Barbe ravalée en pendant,
Barbe à qui je porte une dent,
Barbe cruelle, barbe fière !
Barbe que je souhaite en bière,
Par tel et semblable danger
Que le president Boulanger2 ;
Barbe qui voudroit voir la France
En Grève, au bout d’une potence ;
Barbe pendante au vieux menton
D’un avare et lâche poltron ;
Barbe de bouc, barbe de chèvre ;
Barbe qui descend d’une lèvre
Qui cache un ratelier de dents
Plus puantes que souffre ardant ;
Barbe qui entoure une bouche
Qui produit une voix farouche ;
Barbe qui pend le long d’un col



2. Il faut, sans doute, reconnoître ici l’auditeur des comptes Le Boulanger, qui, frappé de plusieurs coups de baïonnette comme il sortoit de l’Hôtel-de-Ville, lors de la grande émeute de 1652, mourut peu de jours après. (Mém. de Conrart, Collect. Petitot, 2e série, t. 48, p. 151.) Ceci nous donneroit à peu près la date de cette pièce.