Ils ne boivent à suffisance
Et ne mangent que du pain bis14.
plus les courtiser, puisqu’elles ne recompensent
les poètes que de pauvreté.
Non, non, je ne suis esbahy,
Si je me vois ores trahy
De vous, pucelles de Parnasse ;
Vous promettez beaucoup de bien,
Mais vous ne donnez jamais rien
Que sur la fin une besace.
Je croyois que vos doux fredons
M’enrichiroient de mille dons,
Et des pouds seulement j’amasse ;
Par vous je pensois prosperer,
Mais, las ! je ne puis esperer
Que sur la fin une besace.
Vos chansons et vos instruments
Ne sont que peines et tourments,
Vostre malheur du tout m’embrasse.
Vous donnez quelque passe-temps ;
Mais pour sallaire je n’attends
Que sur la fin une besace.
14. Comme ces pauvres gentilhommes de Beauce qui, dit Rabelais, « desjeunent de baisler et s’en trouvent fort bien, et n’en crachent que mieux ». (Liv. 1, ch. 17.) Oudin dit aussi : « Gentilhomme de Beauce, qui vend ses chiens pour avoir du pain. » (Curiosités françoises, p. 249.)