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quittez, pauvres enfans de Picotin, les pretentions que vous aviez de vous voir un jour fils d’un mareschal de France, aggrandi par sa valeur martiale ; allez, allez, contentez-vous d’estre nez d’un serrurier ou crocheteur ; contentez-vous au son d’une lime sourde, non au bruyant fanfare de la trompette ; contentez-vous au battement des marteaux sur l’enclume, non au tonnerre impetueux du canon. Mais quoy ! grand prince, vostre courage, qui ne s’est jamais mesuré en aucune de voz actions, se laira-il maintenant r’accourcir et regler à l’aulne d’un bruit vulgaire qui court parmy la France ? Vrayement, j’ay appris qu’il se dit coustumierement que vous estes fort charitable d’avoir en ceste dernière guerre piedmontoise fait quasi autant d’hospitaux que de capitaines françois ont suyvi voz estendards. Mais quelle charité, faire des hospitaux sans les arrenter ! Ce n’est pas tout : l’opinion que nous avons conceu en general du peu d’estime qu’avez faict de noz troupes, les ayant exposées à la furie de l’ennemy, a esté l’alumette qui a mis le feu de mescontentement dans noz testes, qui en fument encores ; et prenez-vous garde que de ce feu ne naisse un embrasement dans vostre estat que vous ne pourriez jamais esteindre avec toute l’eau de l’Ocean, si ce n’est avec le payement et les gages deu à noz compagnies. Qui ne croira à ceste heure que la fin de voz intentions ne visoit à rien autre sinon à espuiser nostre France de gens-d’armes pour en faire une boucherie, et vous en descharger par les mains de voz adversaires ? Pensiez-vous desarmer notre jeune monarque, affin de l’exposer aux hostilitez estrangères ? Non, vous