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ravy en des enthousiasmes de practique, que je luy desrobois une partie du pain que sa liberalité m’avoit eslargy ce jour-là. Je ne fus pas si tost à la halle aux draps que l’un des ministres de Morphée, captivant mon esprit dans la corbeille de mensonge, le pourmena en une multitude d’actions procuratoires, et luy fit voir tant de merveilles que le temps de la descrire me defaudroit plustost que la matière. Toutesfois je vous feray participant de celles qui se sont peu arrester dans les cellules de ma cervelle (quoy que mal timbrée), afin de faire voir à la posterité clerique que je ne suis moins affectionné vers mes confrères que justement irrité contre les actions odieuses de ces attrape-minons3.

Ainsi donc, ce fantasque dieutelet ayant troussé mon esprit leger sur ses espaules, je luy fis faire diverses virevoustes4, non sans l’egayer beaucoup en des considerations capables de faire dillater, à force de rire, les poulmons d’un Desmocrite. Je ne me souviens pas de quel costé le vent estoit viré, mais je puis bien asseurer que la première pose fut


de passer la nuit à dresser le dispositif d’un arrêt, le dictoit à M. Puimorin, et M. Puimorin écrivoit si promptement que M. Dongois étoit étonné que ce jeune homme eût tant de dispositions pour la pratique. Après avoir dicté pendant deux heures, il voulut lire l’arrêt, et trouva que le jeune Puimorin n’avoit écrit que le dernier mot de chaque phrase. » (Note de Racine le fils sur la lettre de son père à Boileau du 6 août 1693.)

3. C’est-à-dire assez fins et rusés pour attraper un chat, un minon.

4. Volte-face.