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Scarron.

Brave ! brave ! encore une fois brave l’archevêque de Rheims, de savoir si bien planter des cornes et faire si bien cocu son Beau-frère !

L’abbé Furetière.

Il est plus brave que vous ne pensez, puisqu’il a fait cocu son neveu aussi bien que son Beau-frère.

Scarron.

Il mange donc les poules et les poulets, ce brave Cochon ? Le voilà de bon appetit. N’avez-vous pas l’esprit un peu satirique ?

L’abbé Furetière.

Vous allez ouïr la pure verité. L’archevêque s’e-


mont étoit dévote de profession, et, comme elle avoit toujours eu quelque directeur en affection, qu’étant fort vive, elle étoit souvent avec lui et en parloit sans cesse, on avoit toujours médit d’elle et de ses directeurs. Les deux plus fameux qu’elle eut jusqu’à cette présente année 1691 étoient le P. Gaillard, jésuite, qu’elle quitta pour un père de l’Oratoire appelé le P. de La Roche. Mais, ce qui avoit encore plus que tout cela donné lieu à la médisance, c’est que Charles-Maurice Le Tellier, archevêque duc de Reims, pair de France et prélat très décrié du côté de la continence, avoit été très long-temps amoureux d’elle. Cette passion avoit d’autant plus fait de bruit que, la duchesse d’Aumont ayant aigri contre elle, quelques années auparavant, le marquis de Villequier, son beau-fils, celui-ci parloit publiquement contre le commerce de sa belle-mère avec l’archevêque de Reims. Le public renchérit encore là-dessus et n’épargna pas les directeurs, et peut-être avoit-il raison, car