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ses femmes de chambre parce qu’elle avoit un commerce amoureux avec le marquis de Villequier44, son beau-fils, cette fille, outrée de douleur de se voir eloignée de son galant, lui dit, pour se venger, que l’archevêque de Rheims couchoit avec la duchesse d’Aumont toutes les fois que le duc alloit à Versailles. Quoi ! mon Oncle ! s’ecria en même temps le marquis tout etonné. Ah ! j’ai peine à le croire, et tu n’es qu’une medisante !

Scarron.

Il y a de l’apparence. M. l’archevêque de Rheims coucher avec la Duchesse d’Aumont, la femme de son beau-frère45 ! Ne voyez-vous pas l’esprit vindicatif de cette fille, et que, si sa maîtresse l’eût laissée en paix avec le marquis, elle n’eût eu garde de rien dire ?

L’abbé Furetière.

Ecoutez la suite, et vous verrez que l’esprit de vengeance n’a servi à autre chose qu’à decouvrir la verité et à l’épandre par toute la Cour. « Puisque vous êtes incredule, dit-elle au marquis, je vous le ferai voir dès que monsieur le duc ira à Versailles ». Elle lui tint parole. Ayant demandé pour toute grace à la duchesse qu’elle pût demeurer deux jours dans la maison, elle l’obtint, et, le duc etant parti, elle posta le Marquis en lieu propre à le satisfaire. Il vit entrer l’archevêque avec une lanterne sourde à la


44. Il étoit fils d’un premier mariage du duc d’Aumont avec Madeleine Le Tellier, sœur de Louvois et de l’archevêque de Reims, et, par conséquent, neveu de l’un et de l’autre.

45. Voir la note précédente.