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L’abbé Furetière.

Il n’est pas accusé d’en avoir trop. Tant y a qu’il fit rire le Roi au sujet de l’Archevêque de Rheims. Il etoit avec le Roi à une fenêtre de Versailles qui regarde la grande rue par où l’on vient de Paris. Le Roi ayant decouvert un Carosse à plus de six Chevaux : Voilà, dit-il, un bel equipage ; il semble que c’est la livrée de l’archevêque de Rheims38. — Il est vrai, dit la Feuillade. — Mais ne voilà que sept chevaux, dit le Roi. — Sire, repliqua la Feuillade, Votre Majesté ne voit pas le huitième. — Où est-il donc ? dit le Roi. — Il est dans le Carosse, repondit l’homme de peu de Cervelle. Mais je pretens degrader cet Archevêque et faire voir qu’il n’est qu’un Cochon Mitré, non plus que les autres Prelats.

Scarron.

Ah ! je vous prie, Monsieur l’Abbé, pour l’amour du nom Le Tellier, à qui l’Etat est si redevable, ne lui ôtez pas le titre que la Feuillade lui a donné du consentement même du Roi.

L’abbé Furetière.

De grâce, entendons-nous. Je ne veux pas dire que


38. Il alloit toujours en grand équipage et grand train. C’est à lui qu’arriva sur la route de Saint-Germain cette aventure si bien racontée par Mme de Sévigné : Le carrosse de Monseigneur passant sur le corps d’un pauvre homme et de son cheval, puis versant du choc, tandis que l’homme et le cheval se relèvent et décampent au galop, « Il croit bien être grand seigneur, dit la marquise, mais ses gens le croient encore plus que lui. » (Lettre du 5 février 1674.)