Page:Variétés Tome VI.djvu/233

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Scarron.

Comment Diable, c’est aussi un Cochon ? Je croyois que c’etoit un cheval. Il me semble l’avoir ouï apeler ainsi par quelqu’un des nouveaux venus.

L’abbé Furetière.

Il est vrai que le Maréchal de la Feuillade lui fit cet honneur que de l’apeler un jour Cheval de Carosse.

Scarron.

De Cochon à Cheval, c’est un degré d’honneur ; à Cheval de Carosse, c’est un autre degré. La Feuillade est-il distributeur des titres dans la Maison du Roi ? A-t-il plus de sens qu’au temps de Mazarin, qui ne le voyoit jamais qu’il ne lui dît : Monsieur de la Feuillade, vous n’avez point de Cervelle37 ?



lorsqu’il n’avoit encore que vingt-sept ans ! (Mém. de Choisy, Collect. Petitot, 2e série, t. 63, p. 458 ; Saint-Simon, 1re édit., t. 2, p. 279.)

37. Une anecdote racontée dans l’Almanach littéraire de 1793 fait allusion au reproche que Mazarin adressoit sans cesse à La Feuillade. En 1655, au siége de Landrecies, il avoit été blessé d’un coup de mousquet à la tête. Les chirurgiens, en lui appliquant le premier appareil, lui dirent que c’étoit grave, car on voyoit la cervelle : « Ah ! parbleu, si c’est ainsi, prenez-en un peu et envoyez-le sur un linge au cardinal, qui me dit cent fois le jour que je n’en ai point :

Ô messieurs, la bonne nouvelle !
À ce diable de Mazarin,
Qui pretend que j’en ai besoin,
Envoyons-en une parcelle. »